A ce stade du débat sur la constitution européenne, alors que le "Non" s'impose dans plusieurs sondages consécutifs, mais sans prendre parti sur le fond, on peut faire deux remarques très générales. Deux remarques "hyper-républicaines":
- Tout d'abord, l'Internet s'affirme de plus en plus comme un champ politique. Sites web, blogs, forum, listes de discussions fourmillent, attirent du public, proposent des idées, mobilisent les militants. Bref, beaucoup plus que les partis politiques (qui reçoivent pourtant des fonds publics pour assumer cette mission) et que les mass-médias traditionnels, les initiatives privées ou associatives, appuyées sur les technologies de l'information, redonnent ses lettres de noblesse au débat politique. Que ce soit dans le sens du "oui" ou du "non".
- D'autre part, l'Europe en tant que telle porte toujours ce qui ressemble à une marque de fabrique : un étonnant déficit démocratique. On nous propose un référendum, d'en haut, en nous donnant le "Oui" comme seule hypothèse raisonnable. Votez "Oui" et on s'occupe du reste, nous disent les Technocrates de Bruxelles, le Gouvernement Français, les principaux partis politiques. Votez "Oui" puis circulez, il n' y a rien à voir...
Peut-on lier ces deux remarques et faire de la première la solution de la deuxième? Les outils technologiques de la société de l'Information, vont-ils permettre aux citoyens reliés en réseaux ou en communautés de se ré approprier le débat politique? A terme, c'est probable. Dans l'immédiat, c'est une démarche encore pionnière...
Au Club de l'Hyper-République, nous avons décidé de promouvoir et d'illustrer la naissante et balbutiante "démocratie électronique".
Le Club est formé, par construction, de sensibilités différentes. Nous allons donc débattre, au grand jour, sur ce blog, du "Oui" et du "Non", puis nous allons expérimenter des modes de vote en ligne. Les membres du Club proposeront des articles, recueilleront des avis, défendront des positions antagonistes...Les votes seront ouverts à tous les internautes (selon des modalités permettant de rendre le scrutin le plus loyal possible). Rien n'est joué. Que le meilleur gagne!
Nous aurons au moins, à notre modeste mesure, contribué avec bien d'autres, à mettre un peu de politique dans l'Internet et un peu d'Internet dans la politique.
Pierre de La Coste
Voici le texte du projet de Constitution, sur le site du journal officiel de l'Union Européenne, fragmenté en plusieurs fichiers au format PDF, malheureusement!
Excellente idée. La montée du "Non" dans les sondages, bien que visiblement stoppée (provisoirement?) doit inciter les partisans du Oui à expliquer ce qu'apportera la Constitution plutôt qu'à se contenter de crier au loup et à la catastrophe.
Certes, si le Non l'emporte, je n'oserai pas croiser les regards de mes collègues européens pendant quelques temps. Mais l'enjeu n'est pas là.
Pour un Européen fédéraliste convaincu comme moi, l'adoption d'une Constitution à l'échelle de notre continent, constitue une étape historique suffisamment forte pour la défendre envers et contre tous.
Avec une Constitution, nous donnons corps à l'esprit européen. Et nous nous rassemblons, citoyens d'un nouvel espace politique, autour d'un même texte.
Que serait une démocratie sans Constitution ? Même imparfaite (après tout, la France en a adopté quelques unes au cours des deux siècles précédents), elle marquera l'acte de naissance de l'Europe politique qui pourrait succéder à la technocratie bruxelloise.
Je ne crois pas à l'homogénéité des citoyens européens. Notre culture, notre histoire, notre environnement économique et social nous rendent forcément différents. Mais le sommes-nous plus qu'entre un Texan et un New Yorkais ? Bretons et Alsaciens, ou Parisiens et Marseillais, pensent-ils être identiques ?
Mais je crois au développement d'un esprit européen plus fort chez les citoyens que dans les rangs de nos responsables politiques. Après tout, les Etats européens ont adopté des politiques différentes face à la guerre en Irak, mais les citoyens européens, eux, ont partagé massivement la même opposition.
Ce n'est un "Oui" de raison que je déposerai dans l'urne, dimanche 29 mai. Mais un "Oui" de passion et de confiance dans cette Europe politique nous construisons patiemment.
Rédigé par : Eric LEGALE | avril 06, 2005 à 03:37 PM
Je rappelle la règle du jeu. A partir de demain jeudi, la position d'Eric Legale (favorable au Oui) mais aussi celle des membres du Club favorable au Non et celle des indécis seront publié en notes. Nous espérons lancer un débat ou plutôt participer au débat politique sur Internet, puis lancer une série de votes en ligne. Tout le monde est convié à s'exprimer, puis à voter. Prévenez vos amis...
Rédigé par : Pierre de La Coste | avril 07, 2005 à 02:18 AM