Par Florence Durand-Tornare
Après la meilleure émission pour le non avec TF1 et Jacques Chirac (où le président après avoir choisi de consulter les français dénie sa décision démocratique en prenant parti),
Voici Le Monde et le Medef qui nous offrent le meilleur article pour le non signé par Guillaume Sarkozy, tous les arguments qui prouvent que le projet de constitution est un boulevard pour l'ultra libéralisme s'y retrouvent.
La campagne de diabolisation du non, par la peur de la vague non, laissera probablement en tête le oui de la France de plus de 50 ans.
Le question reste posée : comment refuser une politique d'état nation en évitant la montée d'un ultra-libéralisme déjà dans installé dans les structures européennes ?
Bonne réflexion et bon choix !
Pourquoi le oui ne passe pas
LE MONDE | 18.04.05 | 14h48 • Mis à jour le 18.04.05 | 19h05
uropéen convaincu depuis toujours, j'en ai assez de ne plus rencontrer que des partisans du non. On ne peut que constater la relative absence de ceux du oui, dont les interventions se réduisent à de trop rares tribunes. Absence d'autant plus préjudiciable que les arguments avancés ˇ hors du "il faut voter oui car oui c'est bien et non c'est mal"... ˇ sont souvent désarmants, tant ils sont en décalage face aux préoccupations concrètes des citoyens.
Il est juridiquement vrai de dire que le référendum porte sur le projet de Constitution européenne. Mais il me semble absurde de vouloir le dissocier de la situation que nous vivons en France et en Europe. Si les citoyens ne se servent pas du référendum pour donner leur avis sur le fond de la politique menée en Europe et pour l'Europe aujourd'hui, quand le feront-ils ?
La question n'est plus de savoir si nous voulons l'Europe ou non ; elle est devenue une évidence quasi indiscutée. La seule question qui vaille est celle de son fonctionnement : sommes-nous satisfaits de la manière dont l'Europe fonctionne et défend nos intérêts de citoyens européens ? Poser ainsi le problème permet de mieux comprendre pourquoi le non est si fort ; et d'entrevoir vers où il faudrait aller pour décider les Français à voter oui.
Les Français sont inquiets des conséquences de la mondialisation. Que ce soit dans de bonnes directions, ou dans de mauvaises, nos gouvernements ˇ français comme européens ˇ nous ont toujours conduits en sachant nous montrer les avantages de leurs propositions sans en révéler les risques, ni se préoccuper de la cohérence de leurs actions. Pour s'en convaincre, il suffit de se pencher sur quatre décisions majeures des dix dernières années.
ˇ La baisse des barrières douanières. Elle a amélioré la croissance de tous les pays qui ont participé à ce mouvement. En revanche, pourquoi faut-il, lorsqu'on exporte, par exemple en Inde, payer dix fois plus de droits de douane que lorsque les Indiens exportent en Europe ? Pourquoi l'Organisation mondiale du commerce a-t-elle défini des règles antidumping si difficiles à mettre en oeuvre, et pourquoi avoir accepté le vol de la propriété intellectuelle ?
ˇ La création de l'euro a été pour tous les industriels une merveilleuse nouvelle. Mais pourquoi "l'euro de la croissance" ne joue-t-il pas son rôle ? Qui peut nier que l'ouverture à la mondialisation avec une monnaie très surévaluée revient à mettre des droits de douane à nos industriels, alors qu'on les enlève pour leurs concurrents ?
ˇ L'entrée de la Chine dans l'OMC a été une bonne décision. Mais pourquoi la Commission européenne refuse-t-elle d'appliquer les règles qu'elle a elle-même négociées en retardant jusqu'à l'absurde l'application de clauses de sauvegarde sur des marchés ravagés par l'explosion d'importations dont la compétitivité est artificielle ?
ˇ L'élargissement de l'Union a créé un marché de 450 millions d'habitants. Pourtant personne n'a vu les études d'impact sur l'emploi. Comment, dans ces conditions, avoir pu anticiper les adaptations indispensables à l'accueil des nouveaux pays ?
Et c'est au moment où les entreprises françaises doivent affronter ces révolutions que nos gouvernants ont choisi d'imposer le passage aux 35 heures ! Ne cherchons pas plus loin la désillusion de nos compatriotes. Depuis des années, on leur vante des mesures qui amélioreront leur situation, alors que chacun ressent perte de confiance et inquiétude. Cette contradiction est due à l'abandon systématique des réformes structurelles qui, seules, pouvaient garantir que l'ouverture à la mondialisation se concrétise par une croissance solide.
Il faut un changement de cap. La réaction peut être présentée sous la forme de trois leviers d'action exerçant leurs effets à trois niveaux : l'Europe, la France et l'entreprise.
L'Europe, notre Europe enfin unie, doit se mettre d'accord sur cinq points.
ˇ Une véritable politique commerciale qui prenne en compte les intérêts européens. Celle-ci doit proposer la création de zones de libre-échange avec les autres régions du monde d'un niveau de développement voisin du nôtre et défendre une OMC réciproque et équilibrée.
ˇ Une véritable politique monétaire qui prenne en compte la croissance et l'emploi.
ˇ L'avenir de son industrie, en y consacrant un large débat.
ˇ Des choix en matière de niveau de protection sociale cohérents avec la politique commerciale. Vouloir un modèle social privilégié est juste, mais impossible, si les emplois qui servent à le financer sont détruits.
ˇ Enfin l'avenir de nos relations avec le Maghreb et le pourtour méditerranéen. La zone paneuro-méditerranéenne de libre-échange doit d'urgence être finalisée. Elle pourrait avoir vocation, plus tard, à devenir un vrai marché commun.
Deuxième levier : La France. Elle ne peut continuer d'être un îlot de résistance à l'économie de marché. La France, les Français doivent s'approprier les valeurs, les droits et les devoirs du seul système économique qui ait jamais permis un tel développement à l'humanité : l'économie de marché.
Les lourdeurs imposées par l'Etat aux entreprises dans notre pays entravent leur développement, donc l'emploi, infiniment plus que chez les autres européens. La France doit être réformée d'urgence et cela ne se fera que si la réconciliation entre les Français et le monde de l'entreprise est opérée.
Troisième levier : la responsabilité des entreprises et de leurs chefs est de vivre et de se développer quel que soit l'environnement. Car, même dans la situation ici dépeinte, les entreprises sont capables de créer des richesses et peuvent, afin de répondre à la mondialisation, capitaliser sur cinq atouts qu'elles utilisent encore trop peu.
ˇ La culture : partager la même culture que ses consommateurs, à très haut pouvoir d'achat, est un avantage concurrentiel essentiel.
ˇ La segmentation des marchés : encourager le consommateur dans son envie de différentiation, c'est rendre la production plus difficile, mais la vie plus facile, les concurrents ne pouvant suivre facilement.
ˇ La création, la recherche et l'innovation : toutes les entreprises ont besoin, à tout prix, de nouveaux produits. L'innovation est la bonne manière de se servir de l'atout concurrentiel qu'est le haut niveau de formation de la population.
ˇ Le service : quel que soit le produit, le consommateur a besoin de toujours plus de services afin de le mieux choisir ou consommer.
ˇ L'exportation vers de nouveaux marchés : la mondialisation, même déséquilibrée, ouvre de nouveaux marchés, dont certains à fort pouvoir d'achat.
Chaque chef d'entreprise devrait redéfinir sa stratégie à l'aide de ces clefs, qui permettent une véritable différentiation par rapport à nos concurrents de la mondialisation.
Oui, oui et oui, des pistes nombreuses existent afin que notre société puisse s'adapter de manière profitable à la mondialisation. Dans ces conditions, je suis persuadé que la victoire du oui est alors possible. Mais, pour y arriver, nos dirigeants doivent accepter de regarder leurs erreurs en face et de les corriger.
Débattons aussi des nouvelles adhésions. L'Europe pourrait choisir de s'ouvrir à d'autres, mais aussi de constituer un coeur de pays à la base d'une nouvelle Europe politique, économique et militaire. Une Europe à deux vitesses permettrait de traiter l'élargissement futur avec beaucoup plus de facilité, et elle correspondra aux aspirations profondes de la vieille Europe.
D'autres questions seraient à discuter. Commençons par celles-ci, afin de montrer aux Français que leurs inquiétudes sont prises en compte. C'est parce que l'Europe et elle seule pourra remédier à toutes ces incohérences que je m'inscris en soutien ferme et décidé du oui.
Guillaume Sarkozy est président de l'Union des industries textiles et vice-président du Medef
Article paru dans l'édition du 19.04.05
Je ne comprend pas très bien votre second degré. Guillaume Sarkozy, véritable chef d'entreprise, se bat depuis des années pour éviter de délocaliser son activité dans le textile. Ses arguments pour le Oui sont pertinents. L'Europe actuelle ne lui convient pas. Il veut aller de l'avant et bâtir une Europe efficace contre une mondialisation déséquilibrée. Il dit aussi qu'en travaillant 35 heures on n'y arrivera pas. En quoi marque-t-il un but contre son camp qui est le camp du "Oui"?
Rédigé par : Jérome Audibert | mai 08, 2005 à 04:29 PM