Par Pierre de La Coste
Quelques nouvelles en direct du SMSI de Tunis.
Tout d'abord, fallait-il "boycotter" le SMSI? est-il une "mascarade", comme le dit Liberation ou Le Monde, à la suite des atteintes répétées contre le droit à informer dont sont victimes les journalistes?
Il est vrai qu'ici, on n'a pas l'impression d'être en Tunisie, mais en Onusie, un petit pays, indépendant, avec plus de 20.000 participants, badgés, identifiés, photographiés et très clairement séparés de la population locale...
Mais non, l'organisation du SMSI est une très bonne chose pour la Tunisie. On peut museler la presse écrite ou la télévision, mais pas l'internet. En Chine, peut-être mais pas dans un pays aussi dépendant de l'extérieur, aussi touristique. La venue du SMSI, en braquant le projecteur sur la Tunisie, donne aussi la solution qui permettra de desserrer l'étau: l'Internet, les blogs, qui permettent à chaque citoyen de devenir journaliste.
Le SMSI s'est donc ouvert avec le secrétaire général de l'ONU (photo Philippe Batreau), le président Tunisien et une ribambelle de chefs d'Etat au discours très convenus. Plus interessants sont les évènements parallèles, et les multiples contacts personnels. Bernard Benhamou, de la délégation française, prédit que le SMSI représentera une avancée. "On a acté le principe d'un forum de discussion sur la gouvernance, mais aussi celui de la coopération inter-Etat". Est-ce que ces progrès un peu virtuels obligeront un jour le gouvernement américain à avancer dans le partage du pouvoir sur l'Internet? Il est permis de rester sceptique.
Mais selon Bruno Oudet, grand Manitou de la société civile, sur le stand de la France: "Le sommet a réussi à faire comprendre a un public de plus en plus large que les questions de l'Internet nous concernent tous. Il y a une réelle prise de conscience de l'opinion grâce au sommet".
A demain pour de nouvelles informations en direct d'Onusie...
Cela fait des années que Libé tire à boulets rouges sur la Tunisie.
A mon avis erreur d'analyse. Certe on peut comparer la Tunisie et la France, mais il est plus intéressant de comparer la Tunisie avec l'Algérie, le Maroc la Lybie...
Par exemple la place de la femme dans la société.
Pour moi, il n'y a pas photo.
Rédigé par : Jean-Paul Droz | novembre 16, 2005 à 11:18 PM
De Kyoto à Tunis, quand les autres mondialisations patinent (extrait de Citoyen-IT Hebdo, http://www.forumadministrationelectronique.com/public/page.tpl?rub=6405
Le parallèle est saisissant entre la pièce qui se joue, cette semaine, à Tunis, au sommet mondial de la société de l’information (SMSI) et le congrès de 1997 à Kyoto, sur la préservation de l’environnement, ainsi que la mise en application du protocole qui y fut signé. Le point commun ? L’attitude d’une grande puissance – la seule au monde désormais, faute d’Europe conséquente – qui souhaite garder le plus longtemps possible une position avantageuse pour son économie, ses entreprises, ses citoyens. Hier, il s’agissait de retarder puis d’annuler les effets de restrictions trop importantes du fameux « droit » à polluer. Aujourd’hui, il s’agit surtout de garder la main mise sur les règles, économiques mais aussi, on l’oublie trop souvent, morales, qui régissent la Toile.
Dans les deux cas, les tenants du développement durable, ceux qui regardent un peu plus loin que la longueur d’un mandat politique, même reconductible, ont toutes les peines du monde à comprendre la logique de fermeture qui semble perdurer dans les négociations. D’autant que ceux qui, d’un côté, souhaitent maintenir une position spécifique et dominante et confisquer les clés du Net, sont, de l’autre, les plus farouches partisans de la mondialisation économique. Deux discours contradictoires ? Peut-être pas. N’oublions pas trop vite qu’Internet est né d’Arpanet, réseau construit pour les militaires et des environnements bien sûr fermés. La Toile (le WWW) ne s’est ouverte en 1989 que grâce aux travaux d’un ingénieur britannique (Tim Berners-Lee) du Cern européen http://public.web.cern.ch/public/Content/Chapters/AboutCERN/Achievements/WorldWideWeb/WWW-fr.html , qui a aussi inventé le langage HTML. Le réseau, symbole pour beaucoup d’ouverture, de liberté de circulation des idées, peut très bien être vu également comme un espace clos, protectionniste, à sécuriser de toutes urgence. Ce sont les usages qui ont donné sa « teinte » de liberté à Internet. Auss, et pour terminer sur une note optimiste – échec ou pas à Tunis (*) -, il est probable que l’habitude qu’ont pris des milliards de terriens de communiquer entre eux, survivrait à la disparition éventuelle ou à la mise en concurrence d’une infrastructure de réseaux…
(*) La création d’un forum qui ne supervisera surtout pas l’Icann sous contrôle américain – pour ne pas dire une commission – présentée ce mardi comme la solution pour sauver le SMSI à partir de ce mercredi 16 novembre, ne convaincra que ceux qui ne connaissent pas la fameuse phrase de Clemenceau sur sa technique pour enterrer les problèmes…
Rédigé par : François Jeanne | novembre 17, 2005 à 10:58 AM
Je suis plus positif :Qui , il a , 1 mois, aurait pensé que le debat sur le controle du Net serait sur la place publique, relayé vers tous les citoyens du monde par la presse?
Rédigé par : Yves Leon | novembre 17, 2005 à 06:05 PM