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mai 16, 2007

Commentaires

laura garcia vitoria

Les nouveaux weblogs de la vie publique ou le retour à Versailles

On savait déjà que certains adoraient les carottes râpées et Star Academy : ils n’étaient donc pas devenus chefs de gouvernement pour rien. Que l’on se rassure, on ne va pas tarder à en savoir davantage.

Les plus optimistes parleront d’émergence de l’agora électronique [1], d’autres craindront le pire devant la naissance de la blogosphère française. Si nos hommes politiques sont allés chercher l’idée aux Etats-Unis (ils auraient pu s’inspirer d’excellentes réalisations en Europe), une première différence s’impose immédiatement : il est de coutume, dans les blogs américains, de conserver en ligne l’ensemble des envois, quelques soient les opinions émises par les auteurs des textes envoyés ; certains de nos responsables publics ne partagent malheureusement guère ce respect de l’avis de chacun, arc-boutés sur les vielles pratiques de l’interdit et du défendu républicains - on ne montre pas, on ne dit pas, on n’est pas…-, pratiques de cour, s’il en est, qui paraîtraient même parfaitement rétrogrades à un Saint Simon aux aguets des moindres faits et gestes signifiants des courtisans de Versailles.

On se met ainsi à rêver, pratiquant une prospective rétrospective - pratique, que l’on nous pardonne cette formule, si chère par les temps présents aux consultants organisateurs de colloques internationaux (quoique réservés aux intervenants français) sur l’avenir de nos villes… « Le bon vieux temps de 2020 » aurait ainsi été un bien meilleur titre pour l’une des journées à laquelle il nous a été donné récemment de participer.

Ah, si Monsieur de Saint Simon, en lieu et place de ses Mémoires, nous avait écrit son blog. La monarchie louis-quatorzienne ne paraîtrait-elle pas, au travers d’un weblog sur Internet, bien plus démocratique que nos actuels roitelets ? Peut-être bien que nous l’écrirons un jour, en traversant, armés d’un photophone, la Galerie des Glaces ou le Potager du Roi.

Nous nous rappellerons toujours à ce propos de ce grand savant européen que nous accompagnâmes il y a peu à Versailles, et qui, alors que nous dissertions du jardinier du roi, lâcha sans le moindre avertissement ni la plus petite précaution rhétorique : « Chère amie, mais que font-ils au Quai Conti ? », puis : « Pourquoi ne s’interrogent-ils pas, maintenant qu’ils ont parmi eux votre ancien président, sur la perte de sens du mot Futur dans la langue française ? ». Et enfin, au bout d’un soupir que ne renieraient pas les meilleurs acteurs de théâtre : « Pourquoi avez-vous aujourd’hui tant peur dans ce pays ?... peur de l’avenir, crainte de perdre vos places…Pourquoi donc décliner ainsi votre avenir au présent ? ».

Un long silence s’en suivit et nous repartîmes pour Paris. Depuis, en parcourant les weblogs de quelques politiciens, il nous est difficile de ne pas voir là en effet une autre différence avec l’agora électronique américaine.

Laura Garcia Vitoria

[1] Laetitia Mailhes, Les Echos, 3 mars 2004
http://www.arenotech.org/tribune_libre/weblog_vie_publique/weblogs_vie_public.htm


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