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août 27, 2007

Commentaires

Pierre de La Coste

Merci Patrick, pour cette alerte utile. je partage en tout point le fond de ton analyse. Une remarque néanmoins: je ne pense pas que l'on doive incriminer un "libéralisme extrême, d'abord marchand", mais bien une volonté de monopole, contraire a l'esprit du capitalisme et du libéralisme, comme aux fondements de la société de l'information.

Jean-Marie Gouarné

À propos de l'usage du mot "libéralisme" dans la bataille des formats de documents (et plus généralement dans tous les sujets en relation avec l'intelligence économique dans le domaine des technologies de l'information), il convient effectivement d'être très prudent. Les entreprises en position monopolistique ou dominante dans ce secteur se présentent systématiquement comme des apôtres de la libre concurrence alors que la majeure partie de leur activité de lobbying consiste précisément à éliminer la compétition sur leurs marchés essentiels. Aujourd'hui, dans un système de marché concurrentiel, un logiciel bureautique d'usage général n'a pour ainsi dire plus aucune valeur patrimoniale (le traitement de textes, le tableur et le support de présentation sont devenus des logiciels de "commodité", dont les coûts de recherche et développement sont largement amortis). L'existence d'alternatives opérationnelles et viables au logiciel actuellement dominant est avérée depuis plusieurs années. Seul le maintien artificiel (non économique) d'une situation de monopole permet au fournisseur de ce logiciel de continuer à le vendre à un prix relativement élevé aux entreprises et aux administrations. Ce fournisseur a donc intérêt à retarder le plus longtemps possible, par des procédés de nature essentiellement politique incluant notamment le contrôle des normes et standards, le rétablissement d'une situation normale de marché. Ce qui le mène à adopter une posture qui n'est pas vraiment conforme aux canons de la pensée libérale classique. La normalisation (au sens français du terme, en tout cas) est un acte de puissance publique. Certes, le rôle des industries privées est essentiel dans les commissions d'experts, mais en cas d'absence de consensus, c'est la direction de l'AFNOR qui tranche, sous le contrôle de son ministère de tutelle. Dans ces conditions, la normalisation est, qu'on le veuille ou non, un acte de politique économique. Demander l'instauration d'une norme en sa faveur, c'est donc, pour une entreprise privée, revendiquer quelque chose n'est pas un comportement essentiellement "libéral". Bien sûr, en l'occurrence, les formes sont respectées: la normalisation du format Office Open XML est sollicitée officiellement non pas par une entreprise de logiciel bien connue, mais par un consortium de standardisation (ECMA International) qui fait écran entre le promoteur réel du projet et les organismes publics de normalisation, mais l'artifice ne trompe que ceux qui ont intérêt à être trompés. L'usage des mots n'est pas innocent. Depuis le début de ce siècle, l'idéologie est largement présente dans la panoplie des moyens d'influence utilisés par certains acteurs dominants du logiciel, dont le discours tend à assimiler toute innovation susceptible de remettre en question leurs propres modèles économiques à une entreprise de contestation du capitalisme et de la propriété privée. Il s'agit évidemment de pure rhétorique, compte tenu notamment de l'expansion phénoménale des activités commerciales liées au logiciel libre et de l'implication dans ce secteur d'entreprises telles qu'IBM, Sun, Red Hat, Novell, qui ne sont pas particulièrement connues pour leurs sympathies trotskystes ou anarchistes. Ne nous trompons pas de combat. Ce qui se passe en ce moment est une tentative de coup d'État dans la normalisation publique, menée par un acteur privé qui n'est pas représentatif des entreprises les plus dynamiques dans le monde du logiciel. Attribuer à cet acteur le rôle de représentant du libéralisme marchand, c'est lui adresser un reproche qu'il interprétera comme un compliment et retournera comme une arme contre les autres entreprises (aussi capitalistes et marchandes que lui) qui, elles, tentent de lui faire échec. La normalisation du format Office Open XML est un projet qui s'inscrit en opposition avec les valeurs communes du libéralisme et de la social-démocratie. Un large consensus contre ce projet devrait donc se manifester en France. Mais le choix des mots en est sans doute l'une des conditions.

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