Par Pierre de La Coste
Avec plus de la moitié des Français connectés à Internet, en majorité haut débit, la France est rentrée dans une nouvelle ère. Avec la nomination d'Eric Besson comme Secrétaire d'Etat chargé de l'économie numérique, une priorité gouvernementale forte se dessine. D'autant plus que le secteur est ainsi placé directement auprès du Premier ministre, c'est à dire considéré de manière interministérielle et transversale. Quelle pourrait être la politique du gouvernement pour développer encore davantage le numérique sous tous ses aspects et faire définitivement entre la France dans l’économie et la société de l’information ? Voici une liste non exhaustive de pistes de travail. A débattre sur ce blog et ailleurs.
1. Montrer l’exemple, par la généralisation de l’administration électronique dans l’ensemble de la sphère publique (Etat, collectivités locales, santé-social). Cette modernisation est par ailleurs la condition sine qua non du non renouvellement d’un fonctionnaire sur deux sans abaissement du niveau du service public.
2. Assurer un rôle de régulateur, en garantissant la libre concurrence entre les opérateurs. Dans le domaine des télécoms, cette régulation a permis le beau succès du haut débit en France, le moins cher d’Europe. Mais la concurrence loyale doit être défendue à tous les niveaux, y compris celui des logiciels grands publics (systèmes d’exploitation, bureautique...) et des commandes informatiques de l’Etat. La lutte contre les monopoles de fait et la mise en concurrence entre solutions informatiques propriétaires et Logiciels libres est une « ardente obligation ».
3. Garantir la confiance dans le numérique en protégeant les nouveaux consommateurs de l’Internet et des technologies confrontés à de nombreux pièges (publicités mensongères, services après ventes défectueux, escroqueries...), et garantir la protection des libertés personnelles, menacées par certains services de commerce électroniques ou de « réseaux sociaux ».
4. Viser la modernisation des petites structures de l’économie et de la société (PME, TPME, professions libérales, agricultures, petites associations, petites communes...). En effet, les grandes structures (grandes entreprises, grandes collectivités) ont déjà basculé dans l’ère numérique. En revanche, beaucoup des « petites » restent réticentes, mal équipées, mal formées. Elles sont en outre, chacune d’entre elles, très coûteuses en bureaucratie. Des incitations financières fortes à l’administration électronique pourraient concerner aussi bien les petites entreprises (crédits d’impôt) que les petites communes (augmentation de la DGF).
5. Développer et promouvoir le réseau des PME innovantes. Garantir l’accès des PME aux marchés publics de l’informatique, par un « Small Business Act » à la française. Favoriser une industrie française des Sociétés de Services en Logiciels Libres (SSLL). Faute d’un tel développement, il existe un réel danger que notre Internet haut débit ne soit une zone de consommation pour les produits technologiques américains...
6. Créer une « DATAR du numérique », regroupant les moyens éparpillés des différents services , structures, conseils comités chargés du numérique. Cette structure modeste, intermistérielle, travaillant de manière transversale, aurait comme mission d’inciter la totalité des administrations à achever leur révolution numérique.
7. S’attaquer aux handicaps réels de la France, dans le domaine de la formation initiale et permanente (avec une pénurie choquante d’informaticiens qualifiés) ou de la recherche (fondamentale ou appliquée). La mise en place de nouvelles filières de formation et l’amélioration des dispositifs actuels d’incitation à la recherche et à la création d’entreprises innovantes, réclamées de toute part, doivent être des priorités rapidement mises en oeuvre.
8. Cesser de parler de « retard français », en valorisant nos réels atouts dans le domaine des NTIC, notamment le haut débit, clé du développement et le dynamisme de certaines de nos entreprises « Web 2.0 » (nouvelle génération de services sur le net). En résumé, le numérique en France demande moins à être aidé par l’Etat qu’à être libéré des obstacles placés sur sa route...
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Lire la transcription de l'entretien d'Eric Besson sur RMC (20 mars).
1. e-Gouvernance = e-Gouvernés, usages et formation de/pour chacun. Quid des analphanets et des sans claviers ? Les télé-déclarations peuvent ne rester que privilèges ! A moins d'un 4/08 numérique
2. Assurer un rôle de régulateur ... mise en concurrence entre solutions informatiques propriétaires et Logiciels libres est une « ardente obligation » Mais pourquoi voulez tuer les vaches-à-laits ?
3. Garantir la confiance ... Une solution évidente ... Le DNA (domicile numérique attribué - http://blog.gotapp.com
4. Viser la modernisation des petites structures Chèques formations aux TIC contemporaines ... former les formateurs http://docs.google.com/Doc?docid=ajfr5bkp76fs_276hfh6mmm7
5. réseau des PME innovantes ... Pôles de compétitivité
6. DATAR du numérique ... un bureau unique Anvar, 10b européenne,
7. ... filières de formation ... 230.000 codeurs manquent à l'appel d'après un dossier des Échos du printemps dernier
8. Rien ne sert de courrir ... développons là où nous excellons . Le retard ... ;-{
Rédigé par : Dominique Dardel | mars 31, 2008 à 04:49 PM
Il n'y aucune "pénurie choquante d’informaticiens qualifiés" en France ... votre discours sent un peu trop la pensée unique dans ce domaine !
Voir http://www.munci.org/CHIFFRES-DE-L-EMPLOI-en-informatique-chomage-des-informaticiens-recrutements-offres-d-emplois
Rédigé par : ChK | mars 31, 2008 à 07:46 PM
Je pensais à tout mes amis chefs d'entreprise qui ne parviennent pas à trouverd des informaticiens qui correspondent à leur besoin et qui parfois sont obligés de faire venir des ingénieurs de l'étranger. Cela dit, Chk, merci pour vos chiffres précis. Il peut y avoir, à la fois, pénurie et chomage, c'est même la situation globale de la France.
Rédigé par : Pierre de La Coste | avril 05, 2008 à 03:46 PM
L'enjeu central me semble tenir en deux points :
1 - le risque de remise en question du respect des règles fondamentales du service public : pérennité, gratuité, équité
(dans les relations public/privé incontournables pour la mise en oeuvre de l'administration électronique)
2- la question du service universel, au travers des problèmatiques d'accès aux dispositifs publics : rejet culturel, coût, monopole de l'écrit
Rédigé par : Florence Durand-Tornare | avril 05, 2008 à 03:50 PM
Ce qui fait que la concept de citoyen 2.0 appartient bien au XXI siècle ? Probablement entre bien des réponses :
1. Le fait qu'on passe d'une logique de Médiocrité pour tous - que la cache sexe EGALITE masquait pudiquement - à une logique de différentiation obligée et d'excellence pour chacun et surtout pour un maximum de "chacun"...(pression de la compétitivité) en se rappellant que chacun ne migre pas au même rythme. Tant il est vrai que dans un monde 2.0.re-Personnalisé (mot pudique pour ne pas dire individualiste) l'humilité serait probablement de ne plus penser dans un Temps Jacobin de vérité pour tous, mais accpeter le principe de notre marche erratique mais commune vers le progrès dans le respect du temps et du désir de chacun.
2. Quand une fracture se crée entre ceux qui sont déjà passé de l'autre côté de la berge...et ceux qui voudraient passer...voire refusent encore pour certains de reconnaître la réalité de l'Autre Berge...(en admettant qu'on ait le droit d'appeler progrès le nouvel état des harmonies et des équilibres représentés par l'"Autre Berge")...eh bien on a besoin de passeurs... Ce sont les "passeurs" qui garantiront que le concept d'Universalité garde encore un sens...
3. ce que je viens de dire à été vrai de tous les temps historiques dans les grandes mutations et les grandes avancées historiques de la connaissance, des scribes égyptiens de Pharaon aux futurs Cyborg que nous fabriquons pour 2030...
Chaque fois qu'une révolution de la Connaissance Universelle se produit (pour des raisons technologiques , sociales ou historique...) il y a
fracture et
re-visite et réinvention du rapport de l'individu à la collectivité...
apparition d'une classe intermédiaire de "PASSEURS" ...et de médiations Nouvelles
et étonnamment beaucoup a déjà été écrit sur ce sujet depuis 3000 ans...
Mais , et c'est-là que ta question est fondamentale, chère Florence, ce qui est posé spécifiquement cette fois c'est la capacité de notre compréhension de l'EGALITE héritée des Lumières et de 1789 à s'adapter au monde de l'Individualisme, de la Compétitivité, de la pression sur l'obligation de différence pour survivre, du Consomm'acteur, de l'Universalité du Collectif à l'Universalité de la multiplicité infinie de l'individu .
Notre Urgence est probablement de réinventer l'Egalité afin qu'au dessus de nos systèmes de connaissance si performants, il reste un système de Valeur qui continue de nous unir. Cela s'appelle probablement le Lien Social . Que devient-il ou quelle est sa "juste" place dans le Numérique ?
Il est peut-etre juste temps de ne plus se satisfaire de sa reconstruction totalement Darwinnienne, qui prévaut depuis 15 ans...
Tes questions restent donc fondatrices et ouvertes
Rédigé par : Youval Eched | avril 05, 2008 à 03:52 PM
Bravo pour ce texte
Je ferais juste 2 remarques
1 - La première, majeure c'est que le problème n'est pas celui des PME : les plus petites, par exemple les paysans ont fort bien compris les avantages de l'internet et en font un usage intensif (météo, GPS, cous des denrées alimentaires, achats groupés d'engrais, remplissage de la paperasse bruxelloise , ...).
Les blocages sont dans les grandes structures car internet bouleverse l'organisation du pouvoir, tentant (en vain dieu merci chez nous) a substituer la valeu "compétence" a la valeur "fidelité", ce qui desorganiserait toutes nos entreprises et toute notre administration : dans les ecosystèmes industriels, tant que les donneurs d'ordre refusent de s'adapter aux NTIC (désolé mais le "N" est encore là et bien là, les PME ne peuvent rien faire
Dire que les grandes structures (grandes entreprises, grandes collectivités) ont déjà basculé dans l’ère numérique c'est vrai, mais qu'en font-ils: numériser Kafka n'est pas un progres: avec internet c'est beaucoup plus simple de compliquer la vie des gens : ce n'est pas l'argent jeté sur l'informatique qui est l'idicateur pertinent et si nos ingénieurs sont classés en 4ème place mondiale, nos managers le sont a la 19ème
2 - la seconde sur le haut débit : tu as raison de le souligner et récemment a la commission sur le haut débit ce fut rappelé avec emphase : nous avons déjà 4000 lignes de particuliers directement connects ala fibre optique, alors de la Japonais n'en ont que 4 millions!
Oui, nous sommes en avance sur tous ces abrutis et fiers de l'être!
Un trop gand exces d'autosatisfaction peut conduire a sous-estimer les efforts restant a faire et de l'Etat on attend moins de "l'aide" qu'un exemple (dont le pouvoir prescripteur est essentiel : 100 milliards d'€ d'achats, procédures fiscales, gestion de la santé, enseignement et formation, ....)
Rédigé par : Jean-Michel Yolin | avril 06, 2008 à 10:31 PM
Jean-Michel
Dans le monde agricole, ce sont plutôt les gros qui ont le temps et les moyens de se connecter intensivement pour tous les usages dont tu parle. D'une manière générale les TPME, les artisans et les commerçants sont très réticents envers l'administration électronique.
Je parlai du haut débit, pas du très haut débit.
Rédigé par : Pierre de La Coste | avril 06, 2008 à 10:35 PM