Par Pierre de La Coste
L'impact de la "votation" suisse disant "non" aux minarets a été démultiplié par l'Internet.
La Suisse a utilisé un mécanisme de démocratie directe "classique", le referendum, mais partout en Europe, l'Internet a permis d'inventer un exercice de démocratie directe électronique.
Pour ma part, sur le fond, je me suis exprimé sur Agoravox. A propos de cette position personnelle, merci de réagir, si vous le souhaitez, sur Agoravox et non sur ce blog, réservé au débat sur les sujets de démocratie électronique.
Ici, le préfère m'exprimer sur la question posée par cette vague qui secoue Internet depuis quelques jours. Visiblement, les élites, la classe politique et les mass-médias ne sont pas sur la même longueur d'onde que les internautes d'Europe, qui eux mêmes sont bien entendu divisés.
En témoigne, l'aventure de Libération.fr, qui ouvre toujours un espace commentaire après chaque article de quelque importance publié sur le site. Mais lundi matin, au lendemain de la votation, stupeur! la fonction "commentaires" est désactivée sous le compte-rendu du séisme de la veille. Furieux, des centaines d'internautes (notamment des Suisses) envahissent les autres forum de Libe et demandent que les commentaires soient à nouveau ouverts sur le sujet.
La tension monte, parce que Libe "papier", paraît avec un titre pour le moins désobligeant pour les Suisses: "Le vote de la honte". Finalement Laurent Joffrin publie sur libe.fr son éditorial "Absurde" ouvert aux commentaires, dont la plupart critiquent Libe.
Partout le scénario se répète: tous les forums des journaux et des chaînes de télévision qui parlent du sujet sont envahis par des internautes Français et Suisses. Tandis que la quasi totalité de la classe politique de gauche et de droite parlementaire, en France comme dans toute l'Europe, de même que l'ONU, condamne le vote des Suisses. La colère est perceptible, malgré le filtrage et parfois les pannes techniques, dues à l'excés de visites (comme nous le signale un ami, à propos du site du Figaro).
Tout se passe comme si l'Internet servait d'exutoire pour exprimer le divorce consommé entre les élites et la population du Vieux continent. Reste maintenant la question: ce phénomène va-t-il servir à une prise de conscience de ces élites, notamment politiques, comme un outil pour se rapprocher des préoccupations populaires? Ou bien au contraire l'Internet sera-t-il une arme entre les mains des populations pour s'opposer au fonctionnement de la démocratie représentative?
Nous aurons bientôt la réponse. Le débat est ouvert, sur ce blog et ailleurs: démocratie électronique et démocratie représentative sont elles contradictoires ou complémentaires?
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