Après plus de dix ans de bons et loyaux services, le blog de l'Hyper-République est maintenant inactif. Son contenu est archivé tant que les serveurs de l'entreprise qui l'héberge le supporteront. Je remercie Patrick Guedj, co-fondateur, et tous ceux qui, venant de tous les horizons politiques, ont contribué à la vie du Club et au contenu du blog, sur des sujets tels que la cyber-démocratie, l'administration électronique ou le Logiciel libre.
Vous pouvez me retrouver sur mon nouveau blog La rançon du Progrès.
En route pour de nouvelles aventures sur le net!
Pierre de La Coste
Trois réalités à prendre en compte pour comprendre les mécanismes d'extension du blasphème à toute la planète, après la diffusion sur Internet d'extraits du film "Innocence of muslims".
Les musulmans ont été insultés. C'est un fait. Mais par qui ? Par l'Amérique ? Par l'Occident ? Pourquoi de nombreux musulmans, qui ne sont pas tous des fanatiques, considèrent que la provocation stupide d'un obscur escroc dont on ne sait pas grand chose emporte la responsabilité collective des États et des sociétés occidentales ? Plusieurs réalités, souvent oubliées dans la fièvre de l'actualité, expliquent très largement cet état de fait.
La structure même du réseau Internet complique encore le problème jusqu'à le rendre quasiment insoluble. Youtube a bloqué le film en Indonésie, le plus grand pays musulman du monde. Mais une telle mesure est-elle efficace ? il faudrait également bloquer tous les réseaux sociaux, qui peuvent pointer sur tout autre site d'hébergement de vidéo...Autrement dit, à l'heure où les salafistes manifestent, brûlent des drapeaux américains et tuent des innocents, il n'existe déjà plus de solutions technique pour "répondre à leurs exigences", qu'elles soient fondées ou non...
Il nous faut donc apprendre à vivre dans un village, où doivent coexister des traditions et des conceptions radicalement différentes, dans une proximité de plus en plus grande. Les fanatiques sautent évidemment sur un problème sans solution pour faire avancer leur cause. Celle du chaos et de la terreur. Et les dernières caricatures de Charlie hebdo sont comme placardées en face de la mosquée, devant la foule qui gronde, au vu de l'imam qui appelle à la prière...On ne prend pas le chemin de la solution.
Internet n'est pas un simple outil politique, ni la blogosphère un espace où l'on colle des affiches numériques. La démocratie électronique ne se limite pas à la bataille des partis politiques sur Internet. Que Sarkozy l'ait emporté sur Hollande en nombre d'amis sur Facebook, ou que Hollande ait eu plus de tweets que Sarkozy, ne change rien à l'affaire. L'Internet politique obéit à des mouvements beaucoup plus subtils et beaucoup plus profonds que cela.
On observe depuis longtemps un activisme plus efficace des cyber-militants appartenant soit à la gauche, soit aux petits partis, soit aux partis contestataires qui s'estiment les uns comme les autres exclus des grands médias. Cela met d'emblée l'UMP, monolithique et conservatrice, en situation défavorable.
Mais il faut encore compter avec la position personnelle de Nicolas Sarkozy sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication. On en a finalement peu parlé pendant la campagne, mais il s'agit sans doute de l'échec le plus patent du président sortant. Nicolas Sarkozy n'aime pas Internet et Internet le lui rend bien. C'est avant tout un enfant de la télévision, qui aime le contrôle de l'antenne, le star-system, les médias de masse, le top down. Son idéal, c'est l'ORTF, et un ministre de l'information qui téléphone directement aux responsables des chaînes, pour les sermonner parcequ'une speakerine a montré ses jambes. Un idéal qu'il peut atteindre, soit en nommant à nouveau les directeurs de chaînes publiques en conseil des ministres, soit à travers les chaînes privées dont il cajole les patrons.
Nicolas Sarkozy est trop intelligent pour ne pas comprendre Internet, c'est-à-dire pour ne pas comprendre qu'Internet est non maîtrisable par un homme comme lui. Alors il le combat. La loi Hadopi I, heureusement retoquée par le conseil constitutionnel, est l'exemple même de cette incompréhension assumée. Hadopi II, un moindre mal, n'est pas plus en phase avec les nouveaux modèles économiques qui émergent sur la toile, dans l'économie des contenus.
Autre très grave méconnaissance, très peu évoquée pendant la campagne: la réforme de l'administration, basée sur le principe des économies budgétaires et de la rationalisation, ignore totalement les possibilités de l'administration électronique. Les gains de productivité que l'on peut opérer au sein des fonctions supports (gestion, bureaux, ressources humaines, etc.) ont pourtant comme immense avantage de laisser intactes les fonctions ou la présence humaine est indispensable (professeur, infirmière, policier etc.). Mais la règle du non-renouvellement d'un fonctionnaire sur deux, appliquée brutalement, n'a pas tenu compte des possibilités de l'administration électronique.
À l'exception du bref passage au secrétariat d'État au numérique de Nathalie Kosciusko-Morizet, la politique NTIC du président Sarkozy s'est quasiment limitée à quelques gros projets industriels, incarnés par Éric Besson, ministre installé à Bercy. La droite, et notamment la droite Sarkozienne, ne connaît du numérique que l'économie, ignorant superbement ses aspects sociétaux et culturels.
Depuis le début du quinquennat, l'Internet a joué contre la politique de communication mass media de Nicolas Sarkozy. Nous n'en serions peut-être pas là, du point de vue de la faible popularité du président, si les vidéos sur le « casse-toi pauv'con », celles qui ont souligné tout le bling-bling de la présidence, ou encore les fuites de Wikileaks, n'avaient pas circulé sur la toile. Tout l'Internet s'est hérissé contre la conception massive et monolithique de la société qu'a voulu imposer Nicolas Sarkozy. Ce sont des millions de propos sur les réseaux sociaux, sur le forum des journaux, sur les chats, c'est tout un flot souterrain de contestation typiquement gauloise, qui s'est installée dans la longue durée, à travers toute la société française, maintenant presque entièrement connectée à l'Internet haut débit.
Ce ne sont pas les efforts dérisoires des militants UMP, colleurs d'affiches numériques, qui pourront inverser la tendance. Internet, échec de Sarkozy, sera aussi son tombeau.
Je suis de droite, mais je n'aime pas que l'on me dise « si vous ne votez pas pour moi, vous êtes du côté des homosexuels, des étrangers, des paresseux, des drogués, des délinquants et de tous les mauvais Français.»
par Pierre de La Coste
J'appartiens à l'une des familles de la droite et du centre droit, les gaullistes, les républicains, les royalistes, les libéraux, les démocrates-chrétiens, les catholiques-sociaux, les souverainistes, les européens, les centristes, les divers droite, etc..., et je ne voterai pour Nicolas Sarkozy, ni au premier, ni au deuxième tour de la prochaine élection présidentielle.
Qui est John Galt ? peut-être le fruit le plus pourri de l'Amérique contemporaine. Le personnage principal d'Atlas Shrugged. le roman-culte et fleuve d’Ayn Rand, icône intellectuelle de l’Amérique ultra-conservatrice, est un véritable archétype du rêve américain trahi et retourné. Il est le reflet d’une inculture philosophique navrante, celle de l’auteure et celle de ses millions de lecteurs fanatiques américains.
La philosophie d'Ayn Rand, dite « objectivisme », présente également dans ses nombreux livres et conférences, ne trouverait pas grâce aux yeux d’un bachelier du Vieux continent : formée de quelques bribes indigentes d’Aristote et de Thomas d’Acquin mal digérées, mal comprises, mal lues, et de quelques plagiats inavoués de Nietzche, elle ne prend forme et consistance que par son cynisme et sa brutalité marketing.Son expression achevée est le « fameux » discours de John Galt, sorte de Zarathoustra cocaïnomane, que l’on peut qualifier de plus longue et de plus ennuyeuse leçon de philosophie de l’Histoire.
Comment la résumer ? La raison est tout, l'égoïsme est roi, toute entrave à la liberté de l'égo un scandale. Et puis ? Dans le roman, quelques individus, prédestinés, n'ayant plus d'autre Dieu qu'eux mêmes, s'estimant exploités par la multitude, décident d'organiser leur petite apocalypse et de « stopper le moteur de la société ». La raison de la révolte de Galt, dans cette saga industrielle interminable, est le refus, par la société vulgaire, du Progrès technique et scientifique. Celui-ci est représenté par un matériau révolutionnaire, le « Rearden Metal », capable de bouleverser le système économique établi, ce que les couards ne sauraient accepter. Le Progrès, à ce stade, n'est compris que par une élite, ne doit profiter qu'à une élite. (lire la page Ayn Rand sur Wikipedia, et notamment le résumé des critiques qui lui sont adressées)
Dites qu'une telle vision ne mènerait qu'à une jungle dominée par quelques prédateurs et qu'elle nous ferait retomber rapidement dans la barbarie, et vous serez taxé de « communisme »,voire peut-être accusé d'être « français », ce qui est bien pire, par les nouveaux puritains névrosés du Tea-party.
Car Atlas Shrugged n'est pas une dystopie, une vision de cauchemar qui pousse à réagir comme 1984, Fahrenheit 451 ou Le meilleur des mondes. Non, c'est un idéal de vie, qui a fait fantasmer des millions d'américains, persuadés d'être du camp des Saints, des prédestinés. Le parasite, c'est toujours l'autre. Car telle est l'astuce commerciale d'Ayn Strand, et telle est la clé d'un succès phénoménal : faire croire au moindre cow-boy analphabète qu’il est un être supérieur, exploité par plus ratés que lui. Atlas, brûlot matérialiste paru en 1957, serait le livre le plus vendu dans toute l'histoire de la pieuse Amérique, après la Bible. Faire plus d’argent avec la haine de Dieu qu’avec Dieu lui-même n’est qu’un paradoxe apparent, aux Etats-Unis, puisque depuis longtemps c’est l’argent lui-même qui a pris la place de Dieu.
Atlas est presque inconnu en Europe, et n'a été traduit officiellement en français qu'en 2011 aux Editions des Belles Lettres, ce qui en dit long sur le gouffre qui sépare les deux pans de la civilisation occidentale, en dépit de la mondialisation et d'Internet. Ce livre est donc un révélateur parfait de l'état de la société et de la culture outre-Atlantique.
Aujourd'hui, dans l'Amérique en proie à ses propres sorcières et ses fantômes originels, la philosophie « objectiviste » d'Ayn Rand, suivant une pente assez voisine de celle de la scientologie de Ron Hubbard, tourne à la secte organisée et rentabilisée (voir par exemple le site du "Ayn Rand Institute"). Sa pénétration dans les sphères politiques, économiques et universitaires n'est plus à démontrer (en dépit des réactions consternées des véritables intellectuels américains). Elle peut servir de justification idéologique, par exemple, à la destruction de l’économie réelle et des classes moyennes par les surdoués de la Finance ultra-spéculative, se persuadant ainsi de mener la juste croisade des forts contre les faibles.
Surtout, bien que née en Russie, Ayn Rand a su rencontré la fibre profonde de l'âme américaine, en la retournant comme un gant. Le terme « going Galt », devenu proverbial, signifie se révolter, au nom de la libre entreprise, contre l'emprise de la bureaucratie et de l'Etat fédéral. Il est le mot d'ordre des ultra-conservateurs qui gagnent du terrain et regrettent que le mormon Romney soit trop "modéré".
America is « going Galt », far away from it's european roots.
Pierre de La Coste
Dans une video diffusée par les adversaires républicains de Mitt Romney, plusieurs reproches lui sont adressés. Non pas d'être Mormon, mais d'avoir créé un semblant de sécurité sociale lorsqu'il était gouverneur du Massachusetts, et surtout de parler français. La même mésaventure était arrivée en 2004 à John Kerry, véritable francophone et francophile. Il avait du cacher son bon niveau dans notre langue.
Autrement dit, le sentiment anti-français est tellement fort aux Etats-Unis que le simple fait d'avoir un lien, si ténu soit-il, avec la France, est un handicap dans la vie politique.
Imaginons maintenant qu'un Président des États-Unis en exercice porte un maillot de la police nationale française pour faire son jogging en public; imaginons qu'il soit considéré comme le favori de la diplomatie française et que cela se sache sur Internet; imaginons encore que son propre fils prépare Saint-Cyr dans un lycée militaire français.
Croyez-vous qu'un tel Président aurait la moindre chance d'être réélu?
Or, Nicolas Sarkozy a fait tout cela et bien autre chose du même ordre, pendant son premier mandat. Aux États-Unis, son pays modèle, sa patrie d'élection, il n'oserait même pas en briguer un second.
Alors, qu'avons nous de moins que les Américains, pour n'avoir pas le droit d'aimer la France comme ils aiment leur pays, pour n'avoir pas le droit d'être patriotes comme ils le sont, pour devoir supporter un américain à la tête de la France pendant cinq ans de plus?
Nous nous associons à l'opération lancée par Wikipedia contre la loi SOPA discutée actuellement aux Etat-Unis. En attendant la remise en cause d'Hadopi en France!
C’est l’événement du jour : en ce 18 janvier 2012, un certain nombre de sites web, et notamment la Wikipédia en anglais, « ferment leurs portes » pour 24h en protestation contre le projet de loi SOPA (Stop Online-Piracy Act) qui est discuté aux États-Unis. Wikimédia France soutient cette action forte de protestation qui, nous l’espérons, fera reculer le législateur américain et découragera les législateurs européens et français de se lancer vers le même type d’attaque contre le web ouvert et libre que nous défendons.
La décision de « black-out » de la Wikipedia en anglais est intervenue après un débat approfondi dans la communauté des contributeurs, puis le vote de ceux-ci, appelés par un bandeau placé en haut des pages de la Wikipedia en anglais pour les utilisateurs connectés. Rappelons que si la Wikimedia Foundation soutient ce black-out et s’est clairement opposée à la loi SOPA, elle laisse les contributeurs libres de choisir le mode d’action. Ainsi les contributeurs anglophones ont opté pour une Wikipedia en anglais inaccessible partout dans le monde (et non pas seulement aux États-Unis). Les contributeurs germanophones, italophones et hispanophones s’orientent eux vers un bandeau explicatif, de même que les contributeurs de Wikimedia Commons, alors que les francophones, a priori, ne feront aucune action particulière (la discussion est toujours en cours). Les différentes associations locales, comme Wikimédia France, ont un rôle d’explication et de sensibilisation, à l’intérieur de la communauté Wikimédienne comme à l’extérieur, mais n’ont en aucun cas le pouvoir de décider de ces actions.
La décision de rendre inaccessible Wikipédia est une décision lourde de responsabilité, prise en raison de dangers réels pour la liberté du web, et est inédite à une si grande échelle (même si elle fait suite au black-out de la version en italien, en octobre dernier, pour des raisons similaires de menace grave sur la pérennité de sites comme Wikipedia). Geoffrey Brigham, conseiller juridique de la Wikimedia Foundation, a expliqué pourquoi le mouvement Wikimédia devait s’engager contre SOPA. Voici la traduction de ses propos diffusés sur le blog de la Wikimedia Foundation le 13 décembre dernier.
Dans le système de valeurs proclamé par ton patron, Henri, les forts doivent écraser les faibles, les riches doivent humilier les pauvres, les célébrités sont tout et les anonymes ne sont rien.
Henri,
Te souviens-tu du temps où tu étais gaulliste ? Je dis bien « étais », car si tu crois que tu l'es toujours, c'est que les brumes du pouvoir ont obscurci ton entendement.
De cette époque, où nous étions tous deux membres du cabinet de ce terrible M. Pasqua, je voudrais révéler un secret, assez incroyable. Ce secret, l'un des mieux gardés de la République, le voici : au fond, tu es un type bien.
Je sais, c'est assez difficile à croire. Cet Henri Guaino que l'on voit passer dans les médias, relayer la propagande sarkozyste, cassant, arrogant, incapable d'écouter un adversaire, ou même un journaliste, arborant un mépris abyssal pour tous ceux qui ne pensent pas comme lui, est un type bien.
Tu as toujours été peu accommodant, c'est vrai. Mais autrefois, c'était pour la bonne cause : de vraies convictions, appuyées sur une culture de bon aloi, une vraie passion de la chose publique. Tu étais profondément gaulliste, républicain, patriote. D'un gaullisme quasiment historique. Ton intransigeance n'était pas au service de ton intérêt, mais de tes convictions.
C'est pourquoi, comme beaucoup d'autres, j'ai voté pour Nicolas Sarkozy, la dernière fois, à cause des discours que tu écrivais pour lui sur le thème de la Nation. Et je croyais voter en connaissance de cause.
Aujourd'hui, à chaque fois que tu t'assieds dans le fauteuil de ton bureau de l'Élysée, tu violes la constitution du général De Gaulle, puisque tu acceptes la dérive américaine des institutions voulue par Nicolas Sarkozy ; tu avales sans broncher le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN ; tu écoutes l'insulte faite au peuple québécois sans démissionner.
Et tu voudrais nous faire croire que tu es encore gaulliste, alors que Nicolas Sarkozy et le moins gaulliste des présidents de la Ve République, Giscard et Mitterrand compris.
Que s'est-il passé ? Je crois que tu n'as pas compris une chose : Nicolas Sarkozy ne s'intéresse pas à tes idées, mais à la violence avec laquelle tu les exprimes. Il s'est servi de toi pour faire passer, non pas ses propres idées, car il n'en a pas, mais le véritable système de valeurs qui est le sien.
Le style dit « bling-bling », tant décrié et que tu détestes peut-être autant que moi, ne fait que trahir ce système sarkozien. « À 50 ans, si on n'a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie. » Cette phrase extraordinaire de Jacques Séguéla à propos de la montre présidentielle, n'est pas un simple faux pas, elle exprime l'essence profonde du sarkozysme.
Dans le système de valeurs proclamé par ton patron, les forts doivent écraser les faibles ; les riches doivent humilier les pauvres ; les célébrités sont tout et les anonymes ne sont rien.
Nicolas Sarkozy n'est pas seulement le plus inculte des chefs d'État français depuis Vercingétorix. Il se fait gloire, il fait étalage de son inculture et de son manque de goût.
Il affirme, ostensiblement, que le Fouquet's, les yachts de milliardaires, l'augmentation mesquine de son salaire de président, l'exhibition de sa vie privée, une certaine forme de vulgarité assumée dans le propos, la fréquentation des « people », la construction d'un « air sarko one » pour singer le président des États-Unis, son mépris pour la « Princesse de Clèves » (c'est à dire en fait pour toute forme de littérature), bref, que son mode de vie, ses croyances, ses valeurs, sont intrinsèquement supérieurs à la civilisation française, à la culture française, à la tradition française, à tout l'héritage français.
Ce système aurait pu, à la rigueur, faire illusion dans une période de croissance économique effrénée ; mais la crise est venue ou plutôt s'est accentuée, et considérer l'argent comme la valeur suprême a de terribles conséquences lorsque l'argent manque.
La seule présence de Nicolas Sarkozy à la tête de l'État, indépendamment même de l'action du gouvernement mené par François Fillon, fait souffrir les Français. Le simple fait que le Président de la République française affiche de telles valeurs brouille l'image de la France, déboussole les Français et ceux qui aiment la France. Et nous empêche de trouver en nous l'énergie pour le sursaut moral, intellectuel et spirituel qui nous sauvera, peut-être.
Mais sur le fond ? En dépit de son style et de ses valeurs détestables, Nicolas Sarkozy ne serait-il pas l'homme efficace, le réformateur courageux dont nous aurions besoin ?
Sarkozy ne réforme pas, il transforme. Il transforme pour transformer, sans aucun sens de l’intérêt général. Il fait « bouger les lignes » pour les recomposer autour de son Ego sur-dimensionné. Il n'a aucune ligne précise, il n'obéit à aucun principe directeur. Il est capable, un jour, de nationaliser les banques, et le lendemain de privatiser la Sécurité sociale. Il ne sait même pas de quel pays il est le Président.
Sarkozy fait des discours pour dire qu'il ne fait pas de discours. Il affiche les résultats de son agitation dans les médias et tente d'accréditer l'image d'un homme dont on dit : « lui au moins, il fait quelque chose ».
On peut accorder à Nicolas Sarkozy une sainte horreur de l'immobilisme et du conservatisme. Donc, « lui au moins, il fait quelque chose », soit. Mais il fait quoi, et dans quel but, au nom de quels principes ?
Dans certains cas, la société française est tellement bloquée, que les réformes lancées par lui coïncident bien avec l’intérêt général. Parce que ne rien faire est effectivement la pire des solutions. Le non-renouvellement d'un fonctionnaire sur deux, le report de l'âge de la retraite, l'allègement de la fiscalité vont dans le bon sens, selon moi, c'est à dire celui de la libération des énergies françaises.
Mais ces bonnes réformes sont immédiatement discréditées, dans l'esprit des Français par le spectacle de l'argent devenu fou, de la collusion avec les puissants de ce monde, des sur-privilèges accordés aux privilégiés, des rémunérations indécentes dans la banque. Tout cela dans une valse de valises de billets qui donne le vertige.
Le bras qui tend le bouclier fiscal porte aussi une Rolex. Comment les Français pourraient-ils l'accepter ? Sarkozy a du retirer le bras et le bouclier.
« Le droit à la sécurité est le premier des droits de l'homme », disait Charles Pasqua, bien inspiré, comme souvent. Sur ce terrain, le bilan de Nicolas Sarkozy, et comme ministre de l'intérieur et comme président, est catastrophique. Il s'est contenté de gesticulations et de provocations, sans rien traiter sur le fond. Il a provoqué verbalement les caïds et les délinquants de la banlieue pauvre, non comme un chef d’État, mais comme le caïd de la banlieue riche qu'il n'a jamais cessé d'être.
Arrêtons nous sur la politique étrangère et de Défense. Nicolas Sarkozy a d'abord vidé de sa substance et discrédité ce bel outil que demeure le Quai d'Orsay, en y installant ce paltoquet de Kouchner, pour mieux centraliser à l’Élysée une politique étrangère outrageusement atlantiste. Cela n'a rien d'étonnant, quand on pense que, selon les câbles diplomatiques américains révélés par Wikileaks, Nicolas Sarkozy a annoncé sa candidature à Georges Bush plus d'un an avant de s'adresser aux Français.
S'il faut garder une image symbolique de l'abaissement de la France devant les États-Unis, c'est sans doute celle, ahurissante, d'un Président de la République en exercice portant le maillot d'une administration étrangère, le célèbre New York Police Department. Ici, on ne sait plus s'il s'agit de la passion pour une série télévisée culte (au demeurant excellente) ou bien d'une affinité politique, qui motive Sarkozy.
Le mépris des convenances, que l'on peut trouver anodin, a parfois des conséquences inattendues. On ne peut pas oublier le zèle avec lequel la police de New York, dirigée par un ami personnel de Sarkozy, a mis les menottes aux poignets de DSK.
Récemment, ton chef a décidé de mobiliser les électeurs légitimistes comme moi en déclenchant une « bonne guerre ». Le bédouin cocaïnomane qu'il avait reçu comme un prince, et qui avait planté sa tente à deux pas de ton bureau, en a fait les frais. On ne va pas verser une seule larme sur son sort, qui fut réglé avec l'aide des américains, puisque l'Europe n'a pas su s'en débrouiller seule. Mais comment exiger la moindre indépendance de jugement et de stratégie d'un chef d’État français qui confie son propre fils à une académie militaire américaine ?
En revanche, la manière dont le « general in chief » récupère les lauriers de « sa » petite guerre d'Irak, en pérorant à la tête des troupes, doit retenir notre attention. Si Nicolas Sarkozy est responsable des exploits de nos pilotes, il l'est aussi du résultat d'une action de guerre (le tir d'un avion sur une colonne de véhicules) qui se termine par le lynchage d'un prisonnier blessé.
S'il est le patron de tous les soldats, il l'est aussi des agents de la DGSE, présents sur le terrain et qui n'ont pas su informer sur l'endroit où se trouvait Kadhafi. C'était difficile, impossible ? Peut-être, mais quand on est le chef, on est responsable de tout, ou de rien. On n'assume pas simplement la victoire, mais aussi les aspects les moins glorieux d'une guerre.
Ainsi va se dérouler la guerre du bilan de Sarkozy, ce bilan qui est aussi le tien, Henri, puisque tu es conseiller présidentiel dans cette Maison blanche à la française qu'est devenu le Palais de l’Élysée. Le talent indéniable avec lequel vous cherchez à assumer tout le positif, tout le glorieux, toutes les actions spectaculaires, dans la gestion d'une crise économique d'une ampleur inédite, en se défaussant sur les autres, sur le contexte international, de tout ce qui ne va pas, de tout le négatif, de toute la souffrance des temps, doit être décortiqué.
La Crise devrait permettre d'inscrire dans la durée une réforme de l'Euro et de l'Union, dont tu connais mieux que personne les défauts, puisque tu as été un ardent souverainiste. Mais Sarkozy n'y voit que l'occasion de mettre en scène sa « stature » présidentielle comme pur argument électoral. Pour lui, une négociation internationale n'est qu'une série de manœuvres personnelles à court terme, culminant en conférences de presse qui lui permettent de s'afficher avec les grands de ce monde. Il sacrifie tout à l'image d'une entente avec Angela Merckel. Tout, à commencer par l'opinion des « petits » pays européens, qu'il méprise.
La question n'est donc pas de savoir si nous avons bien le président le plus cynique, le plus brutal, le plus rapide, le plus dépourvu de scrupules, dans cette période de tempête, ce qui devrait nous inciter à le garder. Le problème est de savoir d'abord d'où vient cette crise. Ces dérives de la finance, ces sommes colossales qui transitent par les marchés et s'attaquent à la souveraineté des États ne relèvent plus du capitalisme classique, où l'argent était roi, mais d'un Nouveau Monde où l'argent est devenu Dieu.
Or, Nicolas Sarkozy adhère profondément au système de valeurs dans lequel l'argent est Dieu. Cette conception proprement religieuse de l'argent nous vient d'Amérique. Il trouve son origine, comme l'a montré Max Weber, que tu connais sans doute mieux que moi, dans l'idée calviniste de prédestination. Pour les américains, les richesses matérielles sont un signe de l'élection divine. Et pour Sarkozy, les américains ont raison, parce qu'ils sont les plus forts, du moins jusqu'à présent.
Le problème n'est pas tellement que la gauche revienne ou non au pouvoir. Elle serait, de toute façon, limitée dans son action par l'ampleur de la dette, par les agences de notation et par les règles européennes ; non, l'enjeu, c'est que les jeunes Français aient à cœur de créer leur entreprise plutôt que de devenir fonctionnaires. Or, Sarkozy donne une image si caricaturale du « libéralisme » et du capitalisme, que la société française ne peut que revenir, par réaction, à ses vieux démons : l'étatisme, le socialisme réel, le confort d'un État providence à qui l'on demande tout.
La France, Henri, doit envoyer un signal à l'Europe et au monde. Si elle ne se débarrasse pas de l'homme qui de toute son âme adhère au culte américain de l'argent, elle confirme que l'argent est au-dessus de la civilisation, de la culture, du progrès social, de l'éducation, des peuples et des Nations.
Voilà où je voulais en venir, et ce n'est pas la petite Giulia, utilisée comme un vulgaire tract électoral, qui me fera changer d'avis : si Nicolas Sarkozy est, malheureusement, présent au deuxième tour de l'élection présidentielle, nous serons très nombreux, nous serons des milliers et peut-être des dizaines, des centaines de milliers d'hommes et de femmes de droite, à voter à gauche pour la première et sans doute la dernière fois de notre vie.
Si Nicolas Sarkozy est présent au deuxième tour.
Adieu, Henri, et sans rancune.
Pierre de La Coste
MaMa est une nouvelle de science fiction de Pierre de La Coste publiée aux Editions Dédicaces, maison québécoise particulièrement en avance sur l'édition numérique et très présente sur Internet.
Dans un futur lointain, l’humanité n’a échappé à la destruction qu’en confiant la totalité du pouvoir aux femmes. Elles ont trouvé des solutions au réchauffement climatique, à l’épuisement des ressources fossiles, à la surpopulation, à la faim et à la soif dans le monde. C’est l’ère de MaMa, le Modern age Mother act, un accord international, ratifié par presque tous les pays civilisés, qui avalise cet état de fait. Les hommes sont réduits aux tâches physiques, tout en bas de l’échelle sociale, à l’exception d’une minorité, que les femmes tolèrent dans les métiers de conception, de recherche, de réflexion: ce sont les « Abstraits ». L’un de ces hommes, un brillant archéologue de l’informatique, l’un des seuls à savoir lire, restaurer et étudier les anciens langages disparus comme le HTML, le XML, ou le Java, exhume des pages Web du XXIème siècle de l’ère des hommes, et s’aperçoit que beaucoup d’entre elles ont été falsifiées, au début de l’ère MaMa… ISBN : 978-1-77076-134-6
72 pages, broché, Disponible en format électronique et en braille
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Le Club de l'Hyper-République s'associe à l'appel lancé par un certain nombre d'associations, dont la quadrature du net, à l'occasion du "e-g8".
Internet est l’endroit où nous nous rencontrons, communiquons, créons, nous éduquons et nous organisons. Cependant, alors que nous sommes à un tournant dans la jeune histoire du Net, il pourrait tout aussi bien devenir un outil essentiel pour améliorer nos sociétés, la culture et la connaissance qu’un outil totalitaire de surveillance et de contrôle.
Après 15 ans d’un combat contre le partage de la culture au nom d’un régime obsolète de droit d’auteur, les gouvernements du monde s’unissent afin de contrôler et censurer Internet. L’extinction du Net égyptien, la réaction du gouvernement US à WikiLeaks, l’adoption de mécanismes de blocage de sites web en Europe, ou les projets de « boutons d’arrêt d’urgence » sont autant de menaces majeures pesant sur notre liberté d’expression et de communication. Ces menaces proviennent d’industries et de politiciens, dérangés par l’avènement d’Internet.
En tant qu’hôte du G8, le président Nicolas Sarkozy veut renforcer le contrôle centralisé d’Internet. Il a convié les dirigeants du monde à un sommet visant à œuvrer pour un « Internet civilisé », un concept qu’il a emprunté au gouvernement chinois. Par le biais de peurs telles que le « cyber-terrorisme », leur objectif est de généraliser des règles d’exception afin d’établir la censure et le contrôle, attaquant ainsi la liberté d’expression et d’autres libertés fondamentales.
Ils emballeront cette politique dans des termes comme « démocratie » et « responsabilité », mais regardez leurs actions. En France, Sarkozy a déjà permis la déconnexion d’Internet de citoyens et la censure de contenus en ligne.
Internet nous permet d’exprimer nos opinions de manière universelle. Internet nous unit et nous rend forts. Il s’agit d’un espace où se rencontrent les diverses civilisations de notre planète. Notre imagination, à travers les différents médias que nous créons et publions, nous aide à protéger nos droits et un Internet libre. Alors que les dirigeants du monde se réunissent à la fin du mois, nous devons tous ensemble user de notre créativité afin de rejeter toute tentative de transformation d’Internet en un outil de répression et de contrôle.
Image soumise par François Revol
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